đź‘‹ Reader
​
Un manager, un bureau… et un scoring comportemental
Vous pensez encore que votre manager est votre interlocuteur principal ?
Peut-ĂŞtre.
Mais il n’est plus le seul à observer vos performances.
Aujourd’hui, des outils de productivité, des plateformes RH et des IA comportementales analysent votre ponctualité, votre ton dans les e-mails, votre capacité à collaborer, votre fréquence de pause, voire votre humeur.
Bienvenue dans le monde du travail algorithmique. (Youpi !)
Une IA dans l’open space
Ce n’est pas de la science-fiction. Voici ce qui se déploie déjà dans des milliers d’entreprises :
📊 Logiciels de scoring de performance en temps réel (Hubstaff, ActivTrak, Time Doctor...)
💬 Analyse sémantique des e-mails pour détecter les tensions d’équipe(Source Qemotion)
🧠Détection du stress via des capteurs ou des IA émotionnelles (Source Cordis)
🧾 Recrutement prédictif avec analyse du langage corporel et scoring automatique de CV (Source Smart Tech)
L’objectif affiché ? Optimiser les ressources humaines.
L’effet secondaire ? Lisser les comportements, standardiser les profils.
Selon le scoring de Time Doctor on s'aperçoit qu'ils ne travaillent pas beaucoup à la R&D en ce moment ! (Source TimeAnalytics) |
3 cas réels
🔍 Amazon a licencié des employés sur la base de tableaux de bord automatisés de performance logistique, sans intervention humaine (Source CNIL).
🔍 HireVue a proposé pendant plusieurs années une IA qui scorait les candidats à l’embauche selon leurs expressions faciales et ton de voix — avant d’être accusée de biais massifs (Source BFMTV)
🔍 Teleperformance a testé l’IA émotionnelle dans des centres d’appel pour évaluer en direct le niveau de stress ou d’agacement des téléconseillers (Source Le Nouvel Economiste)
Ă€ force de traquer la performance, on oublie l'humain
Cette logique de productivité pilotée par la donnée installe un nouveau contrat psychologique au travail :
🤑 Ce que vous êtes ne compte plus autant que ce que vous produisez — ou que ce que votre machine dit de vous.
🫣 Un employé « discret », « non réactif » ou « peu visible » devient un signal faible négatif, même s’il est excellent.
🥳 Un collaborateur performant mais atypique peut devenir statistiquement non conforme.
La subjectivité du management est remplacée par une objectivité factuelle biaisée par des modèles qui ne prennent en compte ni la nuance, ni le contexte.
Et si “être soi” devenait un risque professionnel ?
Dans un monde oĂą :
- Vos temps d’écran sont comptabilisés,
- Vos phrases sont analysées,
- Vos micro-pauses sont calculées,
- Vos idées sont notées selon leur « valeur business »…
…comment continuer à exprimer sa personnalité, ses doutes, sa créativité, sans craindre d’être pénalisé par l’algorithme ?
Dans les faits, l’environnement de travail n’est plus seulement physique (open-space, badge, salle de réunion) ni digital (Slack, Zoom, CRM, KPI).
C’est une hybridation algorithmique permanente où :
- chaque action est une donnée,
- chaque absence est une alerte,
- chaque silence peut devenir un indicateur.
Même vos pauses-café ne sont plus invisibles.
🧠Ce que cela laisse présager du monde à venir
Et si, demain, vous étiez jugé moins pour vos idées que pour votre “profil data” ?
À quel moment la performance aura-t-elle remplacé la présence ?
Et la conformité, l’intelligence humaine ?